Cinq compétences de leadership que le monde du football peut nous apprendre.
Entre la vie de bureau et le quotidien d’un entraîneur d’une grande équipe de football, la différence est de taille. Dans le monde du foot, on attend des entraîneurs des résultats dans des délais très courts, on s’attend à ce qu’ils renversent la situation sur le terrain en l’espace de quelques mois, sans forcément faire de gros changement dans la sélection. Ils sont soumis à de fortes pressions au quotidien et leur travail est en permanence sous le feu des projecteurs, ce que la majorité des entreprises ne connaîtront jamais.
Pourtant, les entraîneurs de foot qui connaissent le plus de succès traversent cet environnement ultra-stressant en faisant appel à des compétences qui peuvent s’avérer très utiles aux managers et chefs d’équipes de tous les secteurs. Les meilleurs managers au monde, même s'ils ont des styles de management diamétralement opposés, ont souvent ces points communs. Pour approfondir ce sujet, nous nous sommes entretenus avec Peter Bosz, qui a battu des records et remporté de belles victoires lors de sa première saison en tant qu’entraîneur du PSV Eindhoven.
Outre les révélations de cet épisode, nous avons découvert cinq leçons que les managers peuvent apprendre des entraîneurs de foot. Nous les détaillons une par une en intégrant quelques citations de Peter Bosz et de ses confrères tout aussi célèbres.
Les entraîneurs doivent faire passer leurs idées et leurs attentes très clairement. Le football implique des rôles et des responsabilités qui peuvent changer d’une seconde à l'autre, pour une équipe dont les joueurs ont des langues, des philosophies et des parcours différents. Les joueurs doivent savoir ce qu’on attend d’eux et quels résultats ils devraient viser. Si un joueur donne tout pendant les entraînements et performe bien comme remplaçant, il doit savoir pourquoi il ne joue pas ou il risque de perdre toute motivation.
Cela vaut aussi pour la vie en entreprise. Trop souvent, les managers supposent que les collaborateurs ont compris leurs rôles de façon implicite et n’exposent pas les choses clairement. En entreprise, lorsque tout va à cent à l’heure, il peut être tentant de se fier à ce que l’on pense que les autres ont compris, mais il faut éviter de tomber dans ce piège. Veillez à bien communiquer au début d’un projet et faites des points régulièrement avec l’équipe tout au long du projet.
Vos employés doivent savoir ce que vous attendez d’eux, à la fois au quotidien et au niveau global sur la durée du projet. Ils doivent savoir qu’est-ce que cela signifie de dépasser les attentes et ce qui arrivera si c’est le cas. Ils doivent savoir où se situent les problèmes et comment les résoudre.
Voici ce que dit Peter Bosz sur sa façon de communiquer au début de la saison :
Certes, il est important de communiquer les objectifs, mais motiver votre équipe pour les atteindre, c’est une toute autre histoire. Au football, comme dans le monde de l’entreprise, encourager la motivation, le regain d'énergie au sein de votre équipe peut l'aider à réaliser l’impossible, ou du moins, ce qui paraissait improbable. C’est peut-être pour ça que c’est si difficile à mettre en place.
Certains entraîneurs instaurent un climat de peur, en critiquant publiquement les joueurs aux performances décevantes. Bien que cela puisse conduire à des victoires sur le court terme, la frustration gagne rapidement les joueurs et ils finissent par démissionner ou jeter l’éponge. De même, un manager qui se base sur la motivation négative se retrouvera uniquement avec des employés démotivés qui n'ont pas trouvé mieux.
En revanche, un style a fait ses preuves : c’est le fait de réunir les personnes autour d’une même conviction. Jürgen Klopp (ancien entraîneur de Liverpool) a créé des équipes qui se sont mesurées à des clubs bien plus grands et prestigieux. Dans ses propres termes, les joueurs de l’équipe de Liverpool, sont des « champions de la force mentale » et ses équipes ont généralement des liens très forts avec leur manager. Pour Jürgen Klopp, il ne suffit pas de partager une conviction, mais il faut la concrétiser, la vivre.
« Si vous voulez de vrais résultats, il faut ressentir de vraies choses et faire des choses ensemble », explique-t-il. « Vous pouvez parler d’esprit d’équipe, ou vous pouvez le vivre ».
Comme tous les secteurs, le football évolue en permanence. Ce qui mène une équipe à la victoire pendant une saison ne marche pas forcément l’année d'après. Les managers dont on n’entend plus parler aujourd’hui ont souvent été les grands vainqueurs des années passées, parfois plusieurs fois de suite. Cependant, leur style de jeu et leur gestion des joueurs n’a pas changé depuis ces années victorieuses, alors que leur contexte lui, a bel et bien changé. Ce qui, à l'époque, était révolutionnaire et synonyme de motivation est aujourd’hui réactionnaire et ne convainc pas la nouvelle génération.
C’est un piège pour de nombreux secteurs. Il est beaucoup trop facile de se fier à ce qui marchait avant, que de chercher à trouver de nouvelles solutions. Les managers qui réussissent, pourtant, continuent de se challenger eux-mêmes, ainsi que leurs équipes, à évoluer, innover et trouver de nouvelles solutions.
Pep Guardiola est considéré comme l’un des meilleurs entraîneurs de tous les temps, et peut se targuer de victoires impressionnantes avec trois des plus grands clubs au monde. Son sport l’obsède et il réfléchit constamment à de nouvelles stratégies.
Il résume ainsi sa philosophie : « Il faut vouloir changer et s'adapter pour réussir ».
La communication, la motivation et l'évolution sont des outils très puissants, mais elles doivent être au service d’une vision et d’une stratégie claires. Votre équipe doit savoir précisément dans quelle direction elle va et comment y parvenir. Si vous avez du mal à transmettre la stratégie dans les détails, cela signifie peut-être que vous devez réexpliquer l’objectif final.
Ne vous arrêtez pas à « il faut remporter ce match ». Votre vision doit expliquer clairement à quoi cela ressemble. Allez-vous miser sur la possession de balle ? Ou la contre-attaque ? Si vous avez été clair avec votre équipe sur ce que vous devez tous accomplir, que ce soit pour un projet ou dans l’année, ils pourront plus facilement en discuter et mettre en place les étapes pour y arriver.
Xabi Alonso, fraîchement débarqué au poste d’entraîneur, a fait la une des journaux cette année pour avoir remporté la Bundesliga avec le club de Bayer Leverkusen, qui avait de tels mauvais résultats qu’il avait été surnommé « Neverkusen ». (Never = jamais). On a attribué cette réussite à une combinaison de motivation et de remaniement tactique qui a affecté à chaque poste un rôle et un style.
« Si vous allez sur le terrain et jouez à votre manière, tout peut arriver », a-t-il déclaré. « Vous pourriez bien gagner ».
L’erreur est inévitable, que ce soit sur le terrain ou au bureau. La façon dont une erreur est accueillie cependant, jouera beaucoup sur la réussite future de l’équipe. Les erreurs sont une opportunité d'apprendre, mais uniquement si elles sont acceptées. Dans un environnement où l’erreur est répréhensible, les erreurs seront dissimulées et ne seront pas abordées ouvertement. En accueillant la possibilité de l’erreur, vous donnez la chance à l’équipe de s'améliorer.
À cela s'ajoute la sécurité psychologique, un aspect qui, cela a été prouvé, joue un rôle important dans la réussite d’une initiative. Pour prendre des risques et trouver de nouveaux moyens de réussir, les collaborateurs doivent savoir qu’ils ne seront pas pénalisés en cas d’échec. Comme pour l’utilisation de la peur pour motiver une équipe, une réaction trop dure face à une erreur peut parfois donner de bons résultats à court terme, mais ce sera défavorable à long terme.
Dans notre épisode, Peter Bosz aborde la sécurité psychologique.
Les entraîneurs d'équipes de foot comme Peter Bosz ont peaufiné leurs compétences dans un environnement très médiatisé et très stressant. Ces personnes, qui ont connu la réussite sur le terrain, ont, pour les managers de tous les secteurs, des leçons à donner sur le leadership. Nous espérons que cet article et notre interview de Peter Bosz vous ont donné quelques idées pour parfaire les compétences de votre chefs d'équipe et vos managers.
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Découvrez davantage les idées, conseils et astuces de Peter Bosz dans notre épisode de podcast 'Des équipes qui gagnent : du sport au monde de l’entreprise'.